mardi 24 mai 2011

INCEPTION de Christopher Nolan: Inception (prononcez "Incepcheun"), quelle déception ! (prononcez "décepcheun").

Le réalisateur de "Memento", brillant exercice de style à la narration à rebours, et de "Insomnia" a cédé depuis plusieurs films aux sirènes de l'Hollywood d'aujourd'hui. Qu'importe l'ambition du sujet, la tentative de narrer sur quatre niveaux des rêves imbriqués en poupées russes, qu'importe puisque Nolan adopte un style fait de scènes d'action filmées à la caméra tremblante avec des plans de moins de deux secondes en moyenne et de musique tambourinante pour appuyer les scènes d'action (terrible Hans Zimmer). Le manque d'innovation cinématographique de Nolan et sa volonté d'épater - d'assommer - le spectateur le rapproche des blockbusters de Jerry Bruckheimer et des films de Michael Bay, la cérébralité en plus. Enfin, cérébralité... Une cérébralité qui exige de longues et répétitives scènes d'exposition du style "Alors là, toi tu vas faire ça et il va se passer ça, et moi je..." Vous les aimez vous ces rêves aux images bleu métal qui ressemblent à la plus banale des scènes d'action d'un film américain ??? De plus, l'enjeu scénaristique (concurrence entre deux saloperies de trusts) est, si l'on y réfléchit, terriblement mesquin, surtout en ce temps de crise économique. Caprio trouve ici un rôle quasi identique à son rôle dans "Shutter Island". Il est pas mal, sans plus, ainsi que le reste de la distribution. Le pire est que tout ça se prend terriblement au sérieux, avec une accablante absence d'humour. Les prochains projets de Nolan sont "Superman" et "Batman". Bon courage, Christopher...

LA CEREMONIE de Claude Chabrol: lutte des classes et Mozart.

Un modèle de progression dramatique. Un film d'actualité avec la crise économique qui radicalise les rapports entre riches et pauvres. Le final, terrifiant et si fatal, est un grand morceau d'anthologie. La composition de Sandrine Bonnaire est stupéfiante, sa complémentarité avec Huppert, parfaite.

ALICE OU LA DERNIERE FUGUE de Claude Chabrol: pas de conflit dramatique.

Le film est entièrement du point de vue de Sylvia Kristel, beauté figée et inexpressive. La musique tonitrue à grand coups de trompettes et violons. L'histoire est construite sur l'attente de la compréhension de ce qui se passe, mais rien ne se passe dans cette faille temporelle, ce pays des merveilles dont Lewis Carroll est bien loin. L'idée est proche de celle de "Shining", mais comme Alice est seule, il n'y a aucun conflit dramatique.

VOUS ALLEZ RENCONTRER UN BEL ET SOMBRE INCONNU de Woody Allen: une synthèse.

Joli Allen, énervant quand on reconnait des scènes entières de ses autres films, séduisant quand la fluidité de la narration embarque le spectateur dans un shaker de sentiments à la progression finement amenée et dont les points d'achoppement sont le vieillissement et la mort. Anthony Hopkins est excellent. Le regard d'Allen sur les insectes humains est de plus en plus entomologiste et froid, mais son fluide classicisme emporte le morceau.

TAMARA DREWE de Stephen Frears: Mesquineries humaines.

J'adore plein de films de Frears: "The Queen", "My beautiful laundrette", "The snapper", "Les liaisons dangereuses"... C'est un metteur en scène qui sait souvent insuffler la vie dans des scénarios de commande aux provenances variées. Il attrape ses sujets comme ça, au gré des propositions. Belle liberté, mais là, quel mauvais choix! Avez-vous lu le "roman graphique" de Posy Simmonds dont ce film est l'adaptation? Moi oui, hélas... Ca n'est que mesquineries entre ados et adultes qui se trompent. Les enjeux sont du genre "qui couche avec qui?" ou "Qui va tromper qui..." Comment peut-on s'intéresser trente secondes à des personnages qui, en définitive, ne sont que de misérables connards?.. Ce concentré de mesquinerie et d'inanité ne méritait pas un film, Stephen, en tous cas pas un film de vous ...